samedi 30 octobre 2021

ChallengeAZ 2021 - C'est bientôt

 




Et voici que vient Novembre, et avec lui vient le vent, la pluie et bien sûr le ChallengeAZ 2021

Plus besoin, je pense de présenter ce défi d'écriture lancé, il y a quelques années,par Sophie Boudarel.

Cette année, je le retente mais avec moins de temps pour le faire donc pas sûr que je sois à l'heure à chaque fois. J'y arrive, c'est bien, sinon ce sera avec un peu de décalage.

Puisque nous sommes en Novembre et qu'il y aura bientôt les commémorations du 11 Novembre, je vais rendre un hommage à tous ceux qui ont participé à la Grande Guerre, à leur façon. J'ai ainsi nommé ce Challenge  "Des hommes et Une guerre". Je vais le faire à la façon d'un petit "journal" biographique qui résumera leur vie et leur guerre.

A bientôt.

mercredi 29 septembre 2021

Jean Louis Alfred GONIN, un insoumis déserteur


Aujourd'hui, je vais vous raconter l'histoire d'un collatéral par alliance. Son nom est Jean Louis Alfred GONIN. Il est l'époux d'Augustine Marie Louise REYNAUD,  qui est à la fois la cousine germaine et la cousine issue de germain de mon arrière grand-père Etienne Auguste ABEL, dont j'ai raconté la vie ici.

Si j'ai décidé de parler de lui c'est qu'il semble avoir vécu une vie peu stable et, d'une certaine manière, anticonformiste.


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Jean Louis Alfred GONIN naît le 5 janvier 1882 à Lyon, dans le 6eme arrondissement, au n°6 du passage Montgolfier. Il est le fils de Jean Claude, mécanicien de 47 ans, et de Marie RIECHENBACH, ménagère de 36 ans. 

Ses parents se sont mariés le 31 août 1872 dans ce même arrondissement de la ville de Lyon.


Acte de naissance de Jean Louis Alfred GONIN (source: AD Lyon)


Il est le dernier né d'une fratrie de 5 enfants: Antoinette (1869), Jean (1873), Anne (1875), Hélène (1876) et enfin Jean Louis Alfred.

Il semble quitter le foyer familial assez tôt. Après sa jeunesse passée à Lyon, je trouve sa trace en septembre 1899 à Toulon pour un premier délit à l'âge de 17 ans. Il est condamné à 2 jours de prison le 19 septembre 1899 par le tribunal de Toulon pour vol de récolte.  On peut penser qu'en voyageant sur les routes il aurait été tenté de voler dans les champs pour se nourrir, du moins c'est comme cela que je l'interprète.


Registre d'écrou de Toulon (source: AD 83)


Dés 1900, il semble être de retour à Lyon.  Il y est condamné à deux reprises par le tribunal de Lyon:

- le 16 juin 1900, il est condamné à 15 jours de prison pour bris de clôture 

- le 14 février 1901, il fait 8 jours de prison pour vagabondage.



Extrait de la fiche matricule de Jean Louis Alfred GONIN (source: Geneanet)


Ce que je ne comprends pas c'est qu'il est présent chez ses parents lors du recensement de 1901, au 3 Place de la Baleine. Pourquoi est-il donc condamné pour vagabondage? Il faudrait que je retrouve le dossier de cette condamnation mais pas sûr que cela m'aide beaucoup.


Extrait de la fiche matricule de Jean Louis Alfred GONIN (source: Geneanet)


Quoiqu'il en soit, on le retrouve, à la fin de l'année 1901, loin de Lyon, à Bayonne.  C'est dans cette ville qu'il s'engage en tant que volontaire dans l'armée pour quatre ans. Il est alors mécanicien comme son père. Il est incorporé au 140e Régiment d'Infanterie, le 6 décembre 1901, et arrive au corps sous le numéro de matricule 3783.  

C'est sur sa fiche matricule que l'on peut avoir un aperçu de son portrait: il a les cheveux et les sourcils châtains, les yeux châtains donc marron, le front découvert, le nez fort, la bouche moyenne, le menton rond, le visage ovale et il mesure 1 m 59.


Extrait de la fiche matricule de Jean Louis Alfred GONIN (source: Geneanet)


Mais très vite, son envie de bouger le reprend et il part. Il manque à l'appel le 12 août 1902 et est déclaré déserteur le 19 août. 

Deux mois plus tard, le 14 octobre il se présente volontairement à la Gendarmerie de Belfort, puis est ramené au corps sous escorte le 25 octobre. Il est condamné à un an de prison le 22 novembre 1902, par le Conseil de Guerre permanent de la 14e Région du Corps d'Armée pour désertion à l'étranger en temps de paix. Est-il parti en Suisse ou bien en Allemagne, je ne sais pas. 

Le 25 septembre 1903, suite à son incarcération, il passe au 75e Régiment d'Infanterie en tant que 2eme classe sous le matricule n° 4740, puis à la 2eme Compagnie de Fusiliers de discipline le 17 février 1904 sous le n° 1074 qui est situé en Afrique du Nord.


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Mais qu'est ce qu'une Compagnie de discipline? 

Comme son nom l'indique, ces compagnies militaires sont destinées à recevoir des militaires indisciplinés. On trouve notamment ces Compagnies au sein des BILA (Bataillons d'Infanterie Légère d'Afrique) qui reçoivent des militaires libérés des prisons militaires de France ou d'Algérie qui doivent achever leurs obligations au sein de l'armée sous un régime plus sévère. Ces compagnies sont stationnées en Afrique du Nord. Ces soldats sont astreints aux durs travaux de terrassement  publics des infrastructures routières et ne font que de très rares "sorties" militaires.

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Le 1er octobre 1904, il est réformé temporairement pour cause de syphilis grave puis est rappelé à l'activité le 25 août 1905.

Ses vieux démons refont surface et le 16 novembre 1905 il est condamné par le Tribunal de Lyon  par un jugement par défaut pour coups et blessures volontaires.  Dans ce jugement, il est associé à deux autres prévenus: Julien Chevalier et Jean Alexandre Bussière. La victime est un certain Barbier.



Jugement de Jean Louis Alfred GONIN en 1905 (Archives judiciaires de Lyon)


Il est déclaré insoumis dés le 16 novembre, du fait sans doute de sa condamnation mais il rentre le 13 décembre 1905, un mois plus tard. Il est mis alors en subsistance au 35e Régiment d'Infanterie, c'est à dire qu'il est recueilli dans ce régiment, du fait de l'éloignement de son corps de rattachement, qui le nourrit et lui donne sa solde.

Un an plus tard, le 22 décembre 1906, il manque de nouveau à l'appel et est déclaré déserteur le 29 décembre suivant. Il est arrêté par la Police de Lyon le 18 janvier 1907 et immédiatement réincorporé à la 2eme Compagnie de Fusiliers de discipline en Afrique du Nord. Il y arrive le 12 février.

La peine de son ancienne condamnation n'ayant pu être appliqué, il est de nouveau condamné par défaut par le Tribunal de Lyon, le 4 février 1907.  Il subi sa peine d'un mois de prison à la Maison d'Arrêt de Biskra (Algérie) du 8 août au 7 septembre 1907.



Jugement de Jean Louis Alfred GONIN en 1907 (Archives judiciaires de Lyon)


Il passe dans l'armée active le 31 mars 1908 et n'obtient pas bien évidemment son Certificat de bonne conduite.   

Il accomplit ses deux périodes d'exercice dans la foulée avec le 109e Régiment d'Infanterie, du 23 août  au 14 septembre 1909 et du 3 au 19 octobre 1910.

Il va s'installer à Lyon où il va avoir de nombreuses adresses successives mais c'est dans la Montée de la Grande Côte qu'il va demeurer le plus longtemps. Il n'est plus mécanicien. Il est successivement Terrassier, Opérateur au Cinématographe puis Marchand. 


CPA de la Montée de la Grande-Côte (Lyon)


Il va ensuite déménager au 10 rue des Tables Claudiennes. C'est là, où il habite avec sa mère qu'il rencontre sa futur femme Augustine Marie Louise REYNAUD, qui est la cousine issue de germain d'Etienne Auguste ABEL, dont je vous ai déjà parlé.

Augustine Marie Louise est la fille de feu Auguste Napoléon REYNAUD, boulanger quand il était en vie, et de Maria Baptistine Thérèse Marguerite ABEL, dont elle n'a plus de nouvelles. Elle est originaire de Marseille.

Tout deux se marient le 29 octobre 1914 à Lyon. Jean Louis Alfred est marchand et Augustine est lingère. Avant de venir s'installer à Lyon, au 10 rue des Tables Claudiennes, elle a vécu un temps dans la commune de Saint Laurent d'Agny, dans le Rhône.

De leur union ne naît à priori aucun enfant mais je peux me tromper.

Quelques mois plus tôt, le 1er août 1914, Jean Louis Alfred est rappelé sous les drapeaux par ordre de mobilisation générale au 109e Régiment d'Infanterie basé à Chaumont. Mais il ne restera pas longtemps mobilisé car dés le 1er février 1915, il est réformé n°2 par la commission spéciale de Chaumont pour "incoordination des mouvements et douleurs osseuses". 


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Mais qu'est ce qu'être réformé n°2 ?

Être réformé N°1 c'est être réformé pour une infirmité (qu'il s'agisse de blessure ou de maladie) en relation avec le service

Être réformé N°2 c'est être réformé pour une invalidité résultant d'une blessure ou d'une maladie sans rapport avec le service

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Le 16 septembre 1915, il est maintenu réformé n°2 par la commission de réforme du Rhône Nord.

Jean Louis Alfred devait être très malade car il décède le 7 janvier 1920 à Marseille, sans doute des suites de sa syphilis qu'il avait contracté une quinzaine d'années auparavant. Sa femme et lui semble avoir déménagé à Marseille, peut être pour des raisons de santé. Il finit sa vie en tant que concierge au 57 rue Albrand et décède donc à l'âge de 38 ans.



Acte de décès de Jean Louis Alfred GONIN (source: Archives de Marseille)


Jean Louis Alfred GONIN n'était pas ce que l'on peut appeler une personne très recommandable mais pourtant il fait parti de celle pour qui l'on a un petit je ne sais quoi qui le rend attachant. Qu'a t-il vécu dans sa vie pour qu'il agisse ainsi et qu'il vive la vie qu'il a vécu?





#ChallengeAZ 2021 - G comme GINESTET Jean Joseph

  ✻✻✻✻✻✻✻ Sources : Photos:  Geneanet  ( 81michele) Actes et registre matricule:  AD81