mardi 30 mars 2021

Etienne Auguste ABEL et Rose SAPENA



Si vous avez lu mon dernier billet concernant mes résolutions généalogiques, vous avez pu lire mon envie de retracer la vie de chacun de mes ancêtres, en commençant par mon Sosa 8. Je n'avez pas encore décidé de l'ordre que je suivrai mais maintenant c'est décidé, je vais suivre un ordre numérique, en essayant  de m'en écarter le moins possible.

Aujourd'hui, je vais vous parler d'un couple. Si l'on peut quelquefois dissocier des couples et raconter leur vie séparément, je ne me voyais pas le faire pour ce couple. Mais qui sont-ils?

Je vais vous conter la vie de mes Sosas 8 et 9, respectivement mon arrière grand-père paternel et son épouse, mon arrière grand-mère paternelle. 

Ils se nomment Étienne Auguste ABEL et Rose SAPENA et ont vécu le début de leur vie  séparés par la mer et par plus de 2000 km. 

 

Auguste


Étienne Auguste ABEL naît le 26 décembre 1879 à Pertuis, dans le département du Vaucluse.


Acte de naissance d'Etienne Auguste ABEL (source: AD 84)


Pertuis est une commune qui se situe au cœur de la Provence, en bordure de la vallée de la Durance et au Sud du Massif du Lubéron. Elle se localise au nord d'Aix en Provence, à une vingtaine de kilomètres. Elle est un carrefour de communication entre la mer et la montagne.


Vue générale de Pertuis


A l'époque de sa naissance, c'est une ville d'environ 5 600 habitants et en pleine croissance. En 1880, le chemin de fer est construit et un peu plus tard, en 1887, la 1ere usine électrique de France s'installe à Pertuis pour l’électrification des rues, ce qui fera d'elle la 6e commune française à être électrifiée.


Sa famille

Auguste est le fils d'Alphonse Félix, souvent nommé Félicien, et de Louise Françoise REYNAUD.


Arbre généalogique de la famille ABEL / REYNAUD



Ses parents se sont mariés le 5 février 1866 à Pertuis. Son père était alors âgé de 21 ans et sa mère de  16 ans.

Son père exerce la profession de boulanger et est originaire de la commune de Beaumont de Pertuis, une commune situé à 20 km au nord-est de Pertuis. Sa mère est couturière au moment de son mariage puis elle sera par intermittence boulangère. Peut être aidait-elle son époux à la boulangerie.

De nombreux enfants naissent de cette union. Auguste est l'avant dernier d'une fratrie de 8 enfants. Il n'en connaîtra que quatre car les 3 autres mourront en bas-âge avant sa naissance.

  • Marie Marguerite née le 1er décembre 1866 et décède le 6 novembre 1868 à Pertuis, un peu avant ses deux ans
  • Philippe André né le  31  août 1868 à Pertuis
  • Jeannot Auguste né le 9 mars 1871 à Vinon (Var) et décède le 2 septembre 1872 à Pertuis à l'âge de 17 mois.
  • Marie Marguerite née le 22 janvier 1873 à Pertuis
  • Jeanne Thérèse née le 8 septembre 1875 et meurt le 8 mais 1876 à Pertuis à 8 mois
  • Félix Léopold né le 24 août 1877 à Pertuis
  • Étienne Auguste 
  • Marthe Marie Léonie née le 14 avril 1885 à Pertuis

Au moment de sa naissance, ses parents sont alors mariés depuis 13 ans et ont déjà eu 6 enfants, dont 3 morts très jeune. Son père a 35 ans et sa mère 30 ans.

Il naît au n°2 de la rue Colbert. 

La rue Colbert, n°2 faisant l'angle avec un Bar au rez-de-chaussée. 


Son enfance

Lors du recensement de 1881, la famille habite toujours à cette adresse. En plus des 6 membres de la famille, deux personnes habitent chez eux. En effet, le père d'Auguste loge son ouvrier Daniel Brouchier âgé de 45 ans mais aussi un certain Eugène Reynaud qui est mentionné en tant que domestique. Pourtant, dans les recensements suivants, ce dernier sera tour à tour nommé comme cousin, beau-père ou oncle du chef de famille. Malgré les recherches que j'ai pu faire, je n'ai pu trouver aucun lien de parenté entre eux. Le mystère reste entier pour le moment.


Recensement 1881 - Pertuis - 2 rue Colbert (source: AD 84)




En 1885, ils ont déjà déménagé mais pas très loin. En effet, ils sont passés du n°2 au n°8 de cette même rue et ils ne changeront plus d'adresse.

A Pertuis, l'année 1885 débute par un fait divers qui fera grand bruit au niveau local mais aussi national et dont plusieurs journaux feront l’écho, et même plusieurs décennies plus tard, sous le nom de "l'Affaire du Paquet de grives". Il s'agit de la tentative d'empoisonnement d'un médecin par son rival, jaloux de son "succès". Cela fera peut être l'objet d'un billet, ultérieurement.

Cette même année, la famille s'agrandit. Le 14 avril 1885, la petite sœur d'Auguste vient au monde et se prénomme Marthe Marie Léonie

Malheureusement, la joie est de courte durée car un deuil va venir ternir le bonheur familial. Le 3 août 1885, Jean Baptiste André Gustave Timothée REYNAUD, âgé de 66 ans, le grand-père maternel d'Auguste décède à Marseille lors d'un séjour chez l'un de ses fils, le frère de Louise. Auguste est âgé de 5 ans. 

C'est sans doute aussi cette année qu'Auguste rentre  à l'école ou bien peut être en 1886. La loi du 28 mars 1882, affirme l'obligation de l'enseignement primaire de 6 à 13 ans pour les enfants des deux sexes. J'ai essayer de retracer son parcours scolaire en me tournant vers les Archives départementales et communales mais aucune d'elles n'ont malheureusement conservé ces dossiers.


Lors du recensement de 1886, les filles de la fratrie, Marie Madeleine et Marthe, n'habitent pas chez leur parent. Marie Madeleine est alors âgée de 13 ans et n'est donc plus soumis à l'obligation scolaire; elle a donc sans doute été placé comme domestique dans une famille. Quant à Marthe, elle n'a qu'un an et elle est sûrement placé en nourrice. Mes recherches n'ont rien donné, j'ai pourtant écumé les recensements des communes voisines, sans résultat. 

L'ancien ouvrier boulanger a laissé sa place à deux nouveaux: Clovis Nivière, âgé de 20 ans et Lucien Aubert, 19 ans. Eugène Reynaud est aussi encore présent et le sera jusqu'en 1906.


Recensement 1886 - Pertuis - 8 rue Colbert (source: AD 84)


Le 2 février 1887, Auguste perd encore un membre de sa famille. Il s'agit cette fois de sa grand-mère paternelle, Marguerite Thérèse FERAUD, 82 ans. Elle décède à Villelaure, petite commune voisine de Pertuis. Elle habitait chez l'une de ses filles. Auguste a 7 ans. 


En 1889, alors qu'il n'a que 10 ans, son frère Philippe, de 11 ans son aîné, s'engage dans l'armée en tant que marin à Toulon puis part faire la campagne de guerre au Tonkin. Il ne reviendra à Pertuis qu'en 1892.


En 1891, il vit avec ses parents, son frère Léopold et ses deux sœurs. La famille partage encore leur logement avec un nouvel ouvrier boulanger, Laurent Montclar, 23 ans, et Eugène Reynaud.



Recensement 1891 - Pertuis - 8 rue Colbert (source: AD 84)


Le 8 juin 1892, c'est jour de fête. Sa sœur Marie Madeleine se marie avec son cousin germain, Eugène Louis ABEL. Eugène est le fils de Joseph Alphonse , l'oncle d'AugusteMarie Madeleine part ensuite pour Paris.


Arbre de parenté ABEL Auguste et Marie Madeleine / ABEL Eugène Louis



Les années se suivent mais ne se ressemblent pas. En effet, l'année 1893 sera une année noire pour toute la famille et pour Auguste qui est tout juste âgé de 13 ans.

Sa sœur Marie Madeleine, qui est enceinte, revient dans sa famille pour accoucher. Elle donne naissance à un fils le 29 avril, Edmond Félix Marius. Pourtant, 13 jours plus tard, le 12 mai , Marie Madeleine décède, probablement des suites de l'accouchement.

Le 26 juin, à seulement 2 mois, son neveu Edmond, qui était restait en nourrice à Pertuis, décède à son tour.

Mais la série n'est pas finie et le 31 décembre, alors qu'il vient tout juste d'avoir 14 ans, sa mère Louise s'éteint. Elle avait à peine 44 ans.


Mais la vie continue et le 1er août 1895, son frère Philippe, qui  est devenu boulanger comme son père, se marie. 


Le remariage de son père

Cinq mois plus tard, le 7 janvier 1896, alors qu'il vient de fêter ses 16 ans, son père Félix se remarie, plus de deux ans après la mort de sa femme. Son père, qui est âgé de 51 ans, épouse Louise Madeleine VALERIAN, 36 ans, déjà mère d'une fille nommée Eugénie Jeanne QUINTERNET, du même âge qu'Auguste.

Lors du recensement de 1896, il vit donc avec son père Félix, sa belle-mère Louise, sa "belle-sœur" Eugénie, son frère Léopold et sa sœur Marthe. Le nouvel ouvrier de son père, Laurent Albert, 28 ans, et Eugène Reynaud, partage encore le foyer familial.



Recensement 1896 - Pertuis - 8 rue Colbert (source: AD 84)


En 1898, son frère Léopold part pour l'armée et à son retour, en 1902, il épouse Eugénie QUINTERNET, la fille de la seconde épouse de son père, et devient lui aussi boulanger. Le couple continuera d'habiter chez leurs parents avec leurs enfants.


Son installation en Algérie et son service militaire

Entre 1897 et 1899, Auguste quitte le nid pour partir loin de sa famille, en Algérie. Pourquoi? Les raisons m'échappent. Peut être voulait-il partir à l'aventure. D'après une source familiale, il fait du convoyage de bétail entre l'Algérie et la France et fait dans un premier temps des aller-retours. Mais il finit par s'y installer et exerce la profession de laitier.

L'année de ses 20 ans, en 1899, il doit normalement se faire recenser par l'armée, mais il ne reçoit apparemment pas la convocation pour passer devant le Conseil de révision et il est noté "Bon absent".  Il réside alors à Alger dans le quartier des Sept Merveilles.

Il est finalement incorporé le 14 novembre 1900 et affecté le 15 novembre sous le numéro d'immatriculation 4672 en tant que Zouave de 2e classe dans le 3e Régiment de Zouaves. 


Extrait de la fiche matricule d'Etienne Auguste ABEL (source: CAOM)


Physiquement, il mesure 1.67 mètre et est décrit  comme ayant des cheveux et des sourcils noirs, des yeux marrons, un front bas, un nez long, une bouche moyenne, un menton rond et un visage allongé.


Extrait de la fiche matricule d'Etienne Auguste ABEL (source: CAOM)


Il est envoyé dans la disponibilité le 29 octobre 1901 et affecté dans le 4e Régiment de Zouaves qui est stationné à Bizerte, en Tunisie. Il obtient son certificat de bonne conduite. 

De 1901 à 1904, il va changer de très nombreuses fois d'adresse:  il va d'abord habiter El Biar, petite commune à l'ouest d'Alger. 

En 1902, il revient à Alger: dans un premier temps il réside brièvement Rue Rovigo, puis Rue Dupuch. 


CPA Rue Dupuch - Alger

L'année suivante, en 1903, il part à Bordi Bou Arreridj, situé dans les Hauts plateaux, à 240 Km à l'Est d'Alger, avant de revenir à Alger, Rue d'Isly. Au vue de tous ces déplacements, je pense qu'il a du reprendre le convoyage de bétail mais cette fois-ci à l'intérieur de l'Algérie. 

En 1904, il habite de nouveau Rue Rovigo. Du 1er septembre au 12 octobre, il accompli sa 1ere période d'exercice dans la réserve du 4e Régiment de Zouave.

Et c'est aussi, je pense, l'année de sa rencontre avec mon arrière grand-mère, Rose.


Rose


 Rose SAPENA naît le 6 mai 1886 dans la commune de Mustapha, en Algérie. Mustapha est une commune crée en 1835 mais qui est tour à tour commune indépendante et quartier d'Alger. A l'époque de sa naissance, Mustapha est redevenu une commune à part entière qui jouxte certains quartiers d'Alger.


Acte de naissance de Rose SAPENA (source: CAOM)

C'est aussi dans cette ville que se trouve le grand hôpital, les écoles supérieurs et le Palais du gouverneur.


Sa famille 

Elle est la fille de Joseph SAPENAet de Filomena SIGNES (nom francisé, il me semble, de Siñes que je retrouve sur certains actes). Ils se sont mariés le 26 mars 1881 à Alger et étaient respectivement âgés de 27 ans pour lui et 21 ans pour elle. Joseph était maçon et Filomena était ménagère.


Arbre généalogique de la famille SAPENA / SIGNES

Rose est issue d'une fratrie de 7 enfants dont elle est la seconde. Tous naissent à Mustapha . Rose les connaîtra tous puisque tous atteignent la majorité.

  • Vincente Henriette née le 3 décembre 1883
  • Rose
  • Fernand né le 29 octobre 1888 
  • Monnique Léonie Virginie née le 10 mai 1890
  • Lucie Françoise née le 25 juillet 1892
  • Louise Virginie née le 9 octobre 1895
  • Virginie Marcelle née le 24 octobre 1897

Au moment de sa naissance,  ses parents étaient mariés depuis 5 ans et avaient eu une fille. Son père était âgé de 32 ans et sa mère de 26 ans.

Elle naît au 18 rue de la Liberté. Elle vivra dans cette rue jusqu'à ses dix-huit ans. Le seul changement d'adresse qu'elle connaîtra la transportera au n°17 puis au n°22. Elle fera sa scolarité de 1892 à 1899 dans le groupe scolaire de son quartier.


CPA Rue de la Liberté - Mustapha (Algérie)

Son enfance

De ses 2 ans  à 11 ans, elle connaît bien sûr la joie, avec la naissance de son frère et de ses sœurs, mais aussi la tristesse de perdre ses grands-parents qu'elle devait bien connaître et côtoyer fréquemment puisqu'ils vivaient tous à Mustapha.

Le 16 février 1894, sa grand-mère paternelle, Vicenta Maria BUIGUES, décède à l'âge de 74 ans. Rose à 7 ans.

A l'âge de 12 ans, le 11 avril 1899, Rose perd aussi son grand-père paternel, Fernando SAPENA (époux de Vicenta Maria BUIGUES) alors âgé de 85 ans.

Enfin, le 11 janvier 1902, c'est au tour de Rosa PEDRO, sa grand-mère maternelle, de mourir. Elle avait environ 89 ans selon l'acte de décès. Rose a, quant à elle, 15 ans.

La même année, sa sœur Vincente Henriette  se marie le 26 avril avec Louis TOURNIERE, un Chef d'équipe aux Tramways Algériens.

Dans le quartier de Bab El Oued, une association nommée l'Orphéon rassemblée le dimanche tous les Espagnols des alentours. C'était l'occasion de papoter, de partager, de chanter, de faire de la musique ou bien encore de jouer des pièces de théâtre. Ma grand-mère y allait-elle le dimanche?  Rien ne pourrait me l'affirmer mais j'ai cependant une photo d'elle costumée qui aurait pu être prise pendant ces rencontres dominicales.


Rose SAPENA en costume oriental

En 1904, elle déménage à Alger avec sa famille et s'installe au 10 rue Meissonnier.

Elle fait aussi la rencontre d'Auguste, son futur mari.

Selon une source familiale, quand Auguste est à Alger, il s'arrête souvent dans un restaurant, ou auberge. C'est là qu'il rencontre Rose et qu'il en tombe amoureux. 

Elle est à priori la fille des propriétaires du restaurant. Je dis bien à priori car au fil de mes recherches j'ai toujours croisé son père, Joseph SAPENA, comme exerçant la profession de maçon. Je ne possède aucun document le mentionnant en tant que restaurateur ou aubergiste. Peut être a-t-il changé de profession! Ou bien est ce une légende familiale?


Leur vie


Rose et Auguste se marient le 3 juin 1905 à Alger. En ce jour de fête, ils sont entourés de toute la famille de Rose. Malheureusement,  celle d'Auguste est resté à Pertuis. Félix, son père, a consenti au mariage de son fils en allant dressé un acte à la mairie de Pertuis. 

Auguste a 25 ans et Rose a tout juste 19 ans. Auguste exerce la profession de laitier.


Etienne Auguste ABEL et Rose SAPENA vers 1905 - 1910

Acte de mariage d'Auguste ABEL et de Rose SAPENA (source: CAOM)

Le couple va s'installer rue Burdeau, au numéro 1, à Alger.

Un peu plus d'un an après son mariage, Rose tombe enceinte. Mais à seulement 3 mois de grossesse, elle perd sa sœur Vincente Henriette, qui meurt à l'âge de 23 ans, le 14 février 1907. 

Le 11 août 1907, Rose donne naissance à son premier enfant, un garçon qui se nomme André Philippe.


Au début de l'année 1909, Auguste s'absente du foyer familiale. En effet, du 1er au 17 février, il va accomplir sa 2eme période d'exercice militaire.

Le 24 juillet 1909, le couple assiste au mariage de Fernand, le frère de Rose.  Par contre, un mois plus tard, le 31 août ils ne pourront pas se déplacer à Pertuis pour le mariage de Marthe, la sœur d'Auguste.


Deux ans passent et la vie leur offre un nouveau cadeau: le 24 décembre 1911, Rose accouche d'un second garçon, Albert Félix. Ils habitent désormais à Maison Carrée, une petite commune de la banlieue d'Alger.


L'année suivante, deux décès frappent la famille mais plus particulièrement Auguste. Le 25 avril 1912, il perd son père, puis, le 26 juin, son frère Philippe André décède à l'âge précoce de  43 ans. Ces décès ont lieu à Pertuis mais se déplace-t-il? Je ne sais pas. Sans doute que ces deux deuils successifs l'auront fait revenir temporairement dans son village afin de partager cette peine avec sa fratrie.


La guerre 14-18

Lorsque la mobilisation est décrétée le 1er août 1914, Étienne a 34 ans et Rose est enceinte de 6 mois. Leur fille Alice Léonie naîtra le 7 novembre 1914 à Maison Carrée.  

Auguste est donc mobilisé dés le 5 août  1914 et rejoint le 1er Bataillon de Zouave. Le 6 novembre 1914, il passe au 3eme Bataillon territorial de Zouave. Il reste en Algérie jusqu'au 10 octobre 1915. 

Auguste passe ensuite au 1er Régiment de marche d'Afrique comme mitrailleur et est dirigé sur Bizerte, en Tunisie, le 26 octobre, avant d'être envoyé en Orient. Il part pour la Serbie à Salonique. Il est évacué le 5 avril 1916 à l'Hôpital de Toulon et y reste jusqu'au 1er mai 1916. Il est à priori blessé mais je ne connais pas la nature de ses blessures. Mes recherches entreprises auprès des Archives Médicales des Armées, le SAMHA, ne m'ont malheureusement apporté aucune réponse. Voici leur réponse: "Le nom du soldat Etienne Auguste ABEL n'apparaît pas dans les registres des entrées et des sorties de l'hôpital militaire Sainte Anne à Toulon pour la période indiquée sur sa fiche matricule".

Il est envoyé au dépôt de Tunis du 4e Zouaves le 8 juin 1916. Puis il intègre le 16e Bataillon le 10 novembre 1916 et embarque de nouveau pour l'Orient le 26 décembre. Il est rapatrié d'Orient le 7 juillet 1918 et obtient une permission. Il en profite alors pour rentrer chez lui retrouver sa famille.

Le 20 septembre 1918, il est incorporé au 1er Régiment de Zouaves et est dirigé sur le C.R (Centre de regroupement) de Blida le 1er octobre 1918. Il y reste jusqu'au 7 février 1919 et est enfin envoyé en congé illimité le 8 février et se retire chez lui à Maison Carrée.


Extrait de la fiche matricule d'Etienne Auguste ABEL (source: CAOM)


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Pendant ce conflit, Rose a vécu sa vie sans doute avec la peur de l'annonce du décès de son époux. Mais la vie doit continuer.

Elle assiste au mariage de ses  sœurs:

  • le 19 août 1915,  Léonie épouse Étienne Vaissière
  • le 17 mars  1917, Lucie épouse Marius Henri Girard
  • le 28 juillet 1917, Virginie épouse François Tuduri
  • et le 5 janvier 1918, Louise épouse son beau-frère Louis Tournière.  Rose et deux de ses sœurs font partie des témoins.

Entre deux mariages, le 23 septembre 1917, son frère Fernand meurt en tant que soldat lors du torpillage du bateau sur lequel il était embarqué. J'avais d'ailleurs fait un billet sur lui et sur cet événement.

Rose SAPENA entourée de ses 3 enfants: André Philippe debout, Albert Félix et Alice Léonie, vers 1916


Rose SAPENA et l'un de ses fils 

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Peu de temps après le retour d'Auguste, Rose met au monde mon grand-père Étienne William, le 28 avril 1919. Si l'on fait un calcul rapide, il est facile de constater qu'il fut conçu lors de la permission d'Auguste pendant le mois de juillet 1918.

Auguste et Rose vivent toujours à Maison Carrée, d'abord Route de Rivet puis au Parc Bomati, dans le quartier du même nom.

La famille de Rose, vit, quant à elle, toujours à Alger. Leur vie semble se déroule paisiblement mais un événement va venir troubler cette tranquillité.  

Le 17 juillet 1926, Louise, la sœur de Rose est arrêtée pour tentative de meurtre sur la personne de son époux, et emprisonnée pendant plus d'un an jusqu'à son procès qui a lieu le 14 décembre 1927. Lors du ChallengeAZ de 2018, j'avais fait un article sur Louise et j'avais parlé de cet événement. 

En 1929, Auguste va mal. Sa santé se dégrade et il décède le 27 septembre à Maison Carrée, à l'âge de 49 ans. Il était atteint d'une tumeur au cerveau. Il laisse derrière lui sa femme Rose, qui devient veuve à 43 ans,  et ses 4 enfants âgés de 22, 17, 14 et 10 ans.

Rose continue de vivre à Maison Carrée, Route de Rivet. Elle aura la chance d'assister au mariage de tous ses enfants:

  • Albert Félix, le cadet:
Il se marie le 25 août 1934 à Oran avec Maria de los Dolorès Victoria Eugénia CARMONA. Il est laitier comme son père.
Aucun enfant ne naît de cette union qui sera de courte durée puisqu'il décède le 3 novembre 1938 après s'être suicidé à l'aide de son fusil. Il avait 26 ans.
 


  • Alice Léonie, la cadette:
Elle épouse le 25 juillet 1936 à Maison CarréeÉmile Louis Charlemagne MERIEUX . Ils auront deux enfants, une fille et un garçon. 
Elle décédera à 90 ans dans le Var.
 



  • André Philippe, l'aîné:
Il se marie le 29 août 1936 avec Jeanne Marie Marguerite GONSAUD à Pertuis. Il est lui aussi laitier.
Ils n'auront qu'un garçon. Il décède à l'âge de 82 ans dans les Bouches-du-Rhône.
 



  • Étienne William, le benjamin, mon grand-père
Il se marie avec Emilienne Lazarine REVERCHON le 9 juillet 1949 à Maison Carrée. Contrairement à ses frères, il sera d'abord mécanicien puis surveillant pénitentiaire. 
Mes grands-parents n'auront finalement qu'un enfant car ma grand-mère fera de nombreuses fausses couches.
Il décède dans sa 57e année à Marseille, après s'être fait renversé par un véhicule alors qu'il se rendait à son travail. Je ne l'ai d'ailleurs pas connu.






A-t-elle pu se rendre à Pertuis, au mariage de son fils André, je ne le pense pas. Mais son fils reviendra vivre à Maison Carrée.

En 1936, la même année que le mariage de ses deux enfants, Rose perd son père. Joseph SAPENA décède le 30 novembre à Maison Carrée
Sa mère décède aussi, avant 1945, mais je ne connaît malheureusement pas la date.
 
Rose reste toujours à Maison Carrée mais durant la décennie 1940, elle déménage Rue du Commandant Fournier. C'est là quelle meurt le 15 décembre 1956. Elle avait 70 ans.

Rose SAPENA vers 1950


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  ✻✻✻✻✻✻✻ Sources : Photos:  Geneanet  ( 81michele) Actes et registre matricule:  AD81