samedi 9 janvier 2021

Désiré et Lazarine : Une vie de roman 3e partie (2/2)


Ceci est la suite des 3 chroniques suivantes:


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Voici les autres lettres de l'échange entre l'administration et mon AAGP Désiré Claude REVERCHON.




Lettre à la Présidence de la République





source: CAOM


Fouka, le 2 mai 1883,


Monsieur le Président de la République,


Je vous adresse cette demande auprès de 
vous pour que si cet effet de votre obligeance
à me faire donner une concession de terrain
en Algérie . Javais fait une demande à Monsieur
le Préfet et il mavait répondu où je désirez
lavoir. Je lui avait fixer . Le vingt neuf 
avril jai reçue une lettre du préfet d'Alger
où il me dit que je ne puit lavoir vue que
je nest de bien en Algérie.
Monsieur le Président je pense que vous devez
vous rappeler de Monsieur Désiré Reverchon
Martineur taillandier à Arbois Jura
le chagrin ma fait partir de chez moi pour
venir en Algérie en 1872 vue que javais eu
les prussiens chez moi. Jai du bien chez moi
c'est mon frère qui en profite pour le moment
vu que jai un bon métier forgeron mécanicien
et sans me flatter je crois en avoir de meilleur
en Algérie. Je suis aller trouver Monsieur
le gouverneur. Je lui est montrer les deux lettres
que javais reçu une lettre du sous gouverneur
et celle du préfet. Il ma répondu que lon
avait donner jusqu'aujourdhui de concession
de terrain. Mais si je pouvez avoir une recom
mandation de votre part, je l'obtiendrez au plutôt
je suis été à l'arsenal, chef de la cartoucherie
J'ai mes certificats de bonne conduite
et je suis été à la ferme école du
gouvernement à Moujdebeure. Jen suis
sortie au mois de Septembre dernier
pour venir m'établir à Fouka, 
vue que jai un petit garçon magnifique
et la ferme où jétait, il a été malade
et sa mère de même.
Monsieur le Président, je pense que vous
ferez pour moi au plutôt quelque chose
que vous savez que nous sommes du 
même département
et que vous me connaissez bien. Mes chères enfants
de même que moi.


Agréer mes salutations 
respectueuses. Reverchon
Adresse: Monsieur Désiré Reverchon, Forgeron Mécanicien à Fouka, Algérie.



Lettre à la Préfecture



Fouka, le 3 mai 1883

 

Monsieur le Préfet,


Ayant reçue samedi dernier votre lettre,
de refut de concession en Algérie
Je viens décrire à Monsieur le Président
de la République. Il me connais et connais toute ma famille
Je nest de bien en Algérie mais jen possède
chez moi et sans me flatter je crois
avoir un [...]comme je le suis
Javais une usine atelier ou jai travailler
pour le chemin de fer, seulement la mort de mes trois enfants chérie
et autre peine davoir les prussiens
chez moi en 1870 ont été la cause
que je suis venue en Algérie en 1872
jai travailler Chef de la cartoucherie d'Alger
et la ferme école du gouvernement
à Moudjebeure, route de Boghari. Jai tout
mes papiers et mes congés militaires
de l'artillerie. Je vous remercie et même
que de votre chef ne pouvez rien faire pour moi
Je pense que Monsieur le Président
ne moublira point, qu'il se rappelera
de Monsieur Désiré Reverchon Martineur
Taillandier à Arbois Jura et connais
bien ma femme qui été de sa parenté
Aujourdhui jai un petit garçon. Je voudrais
bien rester en Algérie plutôt que de retourner
en France. Jai mon frère qui jouit de
ce que jaie vue que jai un métier où
je puit encore gagner ma vie.

 

Agréer mes salutations
respectueuses.
Reverchon



Réponse de la Présidence de la République




 Lettre à la Préfecture


Dupérré, le 7 août 1883


Monsieur le Préfet,


Ayant reçu le 4 mai dernier la lettre de
Monsieur le Président de la République
je ne vous lavez fait parvenir pour savoir
si je peux obtenir une concession de terrain
Je lui avait écrit ma position, il connais
toute ma famille du département du Jura.
Il avait transmis ma demande auprès de
Monsieur le gouverneur Général
Monsieur le Préfet, je pense que vous ne
moublirai point ma demande auprès de vous
Jai été obliger de quitter Fouka vu que le
travaille nallez assez fort et que je perder
beaucoup d'argent par les gens de mauvaises foi
Je suis à Dupérré. Lon ma fait venir
vue que javais un ami Monsieur Frédigier
Propriétaire où il nous a donnez sa propriété
à garder et je travaille de ma parti au
village, en attendant que je peux avoir
une concession pour mi établir
Monsieur, vous ayant déjà demander
où jaurai désirez y aller, aujourdhui il a [...]
Commune mixte de Dupérré, [...]
Monsieur le Préfet, veuillez bien maccorder
une trentaine d'ectare de terrain au village
que je vous site où je pourrez gagner ma vie
pour élever mon petit garçon convenablement
Je conte sur votre obligence que vous ne moubliez
point. Je vous en serez bien reconnaissant de ce que vous
ferez pour moi[...] ma demande auprès de vous.

 

Agréer mes salutations 
respectueuses. Reverchon

Adresse: Monsieur Désiré Reverchon, forgeron mécanicien à Dupérré. 
Campagne de Monsieur Frédigier, en face l'usine.
 


Réponse du préfet






 Réponse de la mairie de Dupérré au Préfet






Lettre à la Préfecture


Blidah, le 30 octobre 1883


Monsieur le Préfet,

 

Veuillez bien mexcuser si je vous est donnez
la peine de mécrire à Dupérré. Daprès ce que 
Monsieur Frédigier  ma dit qu'il été venue une 
lettre venant de la Préfecture pour moi et j'était
parti pour voir si le changement d'air, vue que 
nous étions tout trois bien malade des yeux
Je suis à Blidah, où il se trouve que je
suis parfaitement guérie. Veuillez bien me dire
si jaurai une concession de terrain et jaurais
tout les [...] voulue pour my installer
au plutôt que de travailler chez les autres
et si mal payer aujourdhui.

Agréer mes salutations 
respectueuses. Reverchon


Adresse: Monsieur Désiré reverchon chez Monsieur "Portasse", charron à Blidah.


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Voilà tous les documents que j'ai pu récupérer dans son dossier. 
Je vais donc essayer de vous résumer leur parcours et leur fin de vie .


Comme je vous l'avais déjà dit, Désiré REVERCHON est parti pour l'Algérie en 1872, en laissant sa femme derrière lui, pour fuir le chagrin causé par la perte de ses trois enfants et le traumatisme de l'occupation pendant la guerre de 1870 avec la Prusse. Il laisse ses biens à son grand-frère Jean Louis.

Il s'installe donc en Algérie et fait la connaissance de Marie Lazarine BOITEUX. Je ne connais pas les circonstances de leur rencontre et je ne sais pas si Marie Lazarine quitte son mari pour Désiré ou si elle l'avait déjà quitté. Toujours est-il qu'il se rencontre, se mettent en couple mais ne se marient pas.

Le 15 janvier 1882, à Boghari, village situé à 135 km d'Alger, Marie Lazarine donne naissance à un petit garçon qu'il prénomme Fernand Joseph. Malheureusement l'acte de naissance n'est pas en ligne sur le site du CAOM.

Pendant cette période, Désiré est inscrit à le ferme-école de Moudjebeur. Il suit un enseignement agricole durant quelques mois et en sort en septembre - octobre 1882.


Ancienne Bergerie Nationale et Ferme-Ecole de Moudjebeur 

Il demande un concession de terrain pour pouvoir laisser quelque chose à son fils, comme il le dit souvent dans ses lettres. Malheureusement, il n'obtient aucune concession. 

Pour pouvoir gagner sa vie il travaille pour des particuliers qui lui confie certains travaux. Il exerce le métier de forgeron mécanicien.

Ils habitent tour à tour à Boghari, puis à Fouka, à Dupérré et reviennent ensuite à Boghari.

Marie Lazarine, sans doute pour se cacher, change de nom et de prénom, c'est ainsi que sur certains documents, elle se fait appeler Victorine BRAI, sur d'autres Marie Victorine BOITEUXVictorine Lazarine ou bien encore   Marie Antoinette BOITEUX sur l'acte de naissance de son fils Fernand..

D'après les lettres de Désiré , Marie Lazarine et Fernand Joseph sont souvent malades. Leur condition de vie qui parait précaire, semble en être la cause.  

Marie Lazarine BOITEUX s'éteint le 24 septembre 1887 à Boghari, à l'âge de 45 ans. Je n'ai pu retrouver son acte de décès car il est encore dans les archives Algériennes cependant l'acte de mariage de sa fille Marie Henriette, du 6 août 1901, nous indique que dans son acte de décès il est mentionné que Marie Lazarine est "désignée avec un prénom de plus que dans son acte de naissance". 

Fernand n'a alors que 5 ans.


Extrait de l'acte de mariage de 1901 de sa fille Marie Henriette Rofast (source: CAOM)


Désiré est encore ravagé par le chagrin, il part pour Mustapha
Il ne lui survivra que quelques années de plus. 
Il décède à son tour le 18 juillet 1893 à l'hôpital de Mustapha. Il meurt à l'âge de 65 ans. Il laisse derrière lui son fils Fernand âgé de 11 ans.


Acte de décès de Claude Désiré REVERCHON à Mustapha (source: CAOM)


Sur son acte de décès on peut lire qu'il est l'époux de Antoinette Vuillermoz. A t'il eu une nouvelle compagne ou bien est ce le nom de son épouse d'Arbois qui fut mal orthographié, je ne le sais pas. Je n'ai trouvé aucune trace d'une certaine Antoinette Vuillermoz. L'acte de décès de son épouse Antoinette Othilie Vermot, qui s'éteint le 24 décembre 1899 à Arbois, indique lui aussi qu'elle est veuve de Claude Désiré REVERCHON. Il ne semble pas y avoir eu de divorce et il semble qu'ils soient restés marié pendant toutes ces années.


Extrait de l'acte de décès d'Antoinette Othilie VERMOT, 1ére épouse de Claude Désiré REVERCHON (source: Archives du Jura)


Et vous allez me demander ce qu'est devenu mon AGP Fernand? Il semble avoir été élevé par l'une de ses demi-sœurs, fille du premier mariage de Marie Lazarine BOITEUX. Mais ça c'est une autre histoire que je vous raconterai dans un autre article.



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