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Voici les autres lettres de l'échange entre l'administration et mon AAGP Désiré Claude REVERCHON.
Lettre à la Présidence de la République
source: CAOM |
Fouka, le 2 mai 1883,
Monsieur le Président de la République,
Je vous adresse cette demande auprès de
vous pour que si cet effet de votre obligeance
à me faire donner une concession de terrain
en Algérie . Javais fait une demande à Monsieur
le Préfet et il mavait répondu où je désirez
lavoir. Je lui avait fixer . Le vingt neuf
avril jai reçue une lettre du préfet d'Alger
où il me dit que je ne puit lavoir vue que
je nest de bien en Algérie.
Monsieur le Président je pense que vous devez
vous rappeler de Monsieur Désiré Reverchon
Martineur taillandier à Arbois Jura
le chagrin ma fait partir de chez moi pour
venir en Algérie en 1872 vue que javais eu
les prussiens chez moi. Jai du bien chez moi
c'est mon frère qui en profite pour le moment
vu que jai un bon métier forgeron mécanicien
et sans me flatter je crois en avoir de meilleur
en Algérie. Je suis aller trouver Monsieur
le gouverneur. Je lui est montrer les deux lettres
que javais reçu une lettre du sous gouverneur
et celle du préfet. Il ma répondu que lon
avait donner jusqu'aujourdhui de concession
de terrain. Mais si je pouvez avoir une recom
mandation de votre part, je l'obtiendrez au plutôt
je suis été à l'arsenal, chef de la cartoucherie
J'ai mes certificats de bonne conduite
et je suis été à la ferme école du
gouvernement à Moujdebeure. Jen suis
sortie au mois de Septembre dernier
pour venir m'établir à Fouka,
vue que jai un petit garçon magnifique
et la ferme où jétait, il a été malade
et sa mère de même.
Monsieur le Président, je pense que vous
ferez pour moi au plutôt quelque chose
que vous savez que nous sommes du
même département
et que vous me connaissez bien. Mes chères enfants
de même que moi.
Agréer mes salutations
respectueuses. Reverchon
Adresse: Monsieur Désiré Reverchon, Forgeron Mécanicien à Fouka, Algérie.
Lettre à la Préfecture
Fouka, le 3 mai 1883
Monsieur le Préfet,
Ayant reçue samedi dernier votre lettre,de refut de concession en AlgérieJe viens décrire à Monsieur le Présidentde la République. Il me connais et connais toute ma familleJe nest de bien en Algérie mais jen possèdechez moi et sans me flatter je croisavoir un [...]comme je le suisJavais une usine atelier ou jai travaillerpour le chemin de fer, seulement la mort de mes trois enfants chérieet autre peine davoir les prussienschez moi en 1870 ont été la causeque je suis venue en Algérie en 1872jai travailler Chef de la cartoucherie d'Algeret la ferme école du gouvernementà Moudjebeure, route de Boghari. Jai toutmes papiers et mes congés militairesde l'artillerie. Je vous remercie et mêmeque de votre chef ne pouvez rien faire pour moiJe pense que Monsieur le Présidentne moublira point, qu'il se rappelerade Monsieur Désiré Reverchon MartineurTaillandier à Arbois Jura et connaisbien ma femme qui été de sa parentéAujourdhui jai un petit garçon. Je voudraisbien rester en Algérie plutôt que de retourneren France. Jai mon frère qui jouit dece que jaie vue que jai un métier oùje puit encore gagner ma vie.
Agréer mes salutationsrespectueuses.Reverchon
Réponse de la Présidence de la République
Lettre à la Préfecture
Dupérré, le 7 août 1883
Monsieur le Préfet,
Ayant reçu le 4 mai dernier la lettre deMonsieur le Président de la Républiqueje ne vous lavez fait parvenir pour savoirsi je peux obtenir une concession de terrainJe lui avait écrit ma position, il connaistoute ma famille du département du Jura.Il avait transmis ma demande auprès deMonsieur le gouverneur GénéralMonsieur le Préfet, je pense que vous nemoublirai point ma demande auprès de vousJai été obliger de quitter Fouka vu que letravaille nallez assez fort et que je perderbeaucoup d'argent par les gens de mauvaises foiJe suis à Dupérré. Lon ma fait venirvue que javais un ami Monsieur FrédigierPropriétaire où il nous a donnez sa propriétéà garder et je travaille de ma parti auvillage, en attendant que je peux avoirune concession pour mi établirMonsieur, vous ayant déjà demanderoù jaurai désirez y aller, aujourdhui il a [...]Commune mixte de Dupérré, [...]Monsieur le Préfet, veuillez bien maccorderune trentaine d'ectare de terrain au villageque je vous site où je pourrez gagner ma viepour élever mon petit garçon convenablementJe conte sur votre obligence que vous ne moubliezpoint. Je vous en serez bien reconnaissant de ce que vousferez pour moi[...] ma demande auprès de vous.
Agréer mes salutationsrespectueuses. ReverchonAdresse: Monsieur Désiré Reverchon, forgeron mécanicien à Dupérré.Campagne de Monsieur Frédigier, en face l'usine.
Réponse du préfet
Réponse de la mairie de Dupérré au Préfet
Lettre à la Préfecture
Blidah, le 30 octobre 1883
Monsieur le Préfet,
Veuillez bien mexcuser si je vous est donnezla peine de mécrire à Dupérré. Daprès ce queMonsieur Frédigier ma dit qu'il été venue unelettre venant de la Préfecture pour moi et j'étaitparti pour voir si le changement d'air, vue quenous étions tout trois bien malade des yeuxJe suis à Blidah, où il se trouve que jesuis parfaitement guérie. Veuillez bien me diresi jaurai une concession de terrain et jauraistout les [...] voulue pour my installerau plutôt que de travailler chez les autreset si mal payer aujourdhui.Agréer mes salutationsrespectueuses. ReverchonAdresse: Monsieur Désiré reverchon chez Monsieur "Portasse", charron à Blidah.
Comme je vous l'avais déjà dit, Désiré REVERCHON est parti pour l'Algérie en 1872, en laissant sa femme derrière lui, pour fuir le chagrin causé par la perte de ses trois enfants et le traumatisme de l'occupation pendant la guerre de 1870 avec la Prusse. Il laisse ses biens à son grand-frère Jean Louis.
Il s'installe donc en Algérie et fait la connaissance de Marie Lazarine BOITEUX. Je ne connais pas les circonstances de leur rencontre et je ne sais pas si Marie Lazarine quitte son mari pour Désiré ou si elle l'avait déjà quitté. Toujours est-il qu'il se rencontre, se mettent en couple mais ne se marient pas.
Le 15 janvier 1882, à Boghari, village situé à 135 km d'Alger, Marie Lazarine donne naissance à un petit garçon qu'il prénomme Fernand Joseph. Malheureusement l'acte de naissance n'est pas en ligne sur le site du CAOM.
Pendant cette période, Désiré est inscrit à le ferme-école de Moudjebeur. Il suit un enseignement agricole durant quelques mois et en sort en septembre - octobre 1882.
Ancienne Bergerie Nationale et Ferme-Ecole de Moudjebeur |
Il demande un concession de terrain pour pouvoir laisser quelque chose à son fils, comme il le dit souvent dans ses lettres. Malheureusement, il n'obtient aucune concession.
Pour pouvoir gagner sa vie il travaille pour des particuliers qui lui confie certains travaux. Il exerce le métier de forgeron mécanicien.
Ils habitent tour à tour à Boghari, puis à Fouka, à Dupérré et reviennent ensuite à Boghari.
Marie Lazarine, sans doute pour se cacher, change de nom et de prénom, c'est ainsi que sur certains documents, elle se fait appeler Victorine BRAI, sur d'autres Marie Victorine BOITEUX, Victorine Lazarine ou bien encore Marie Antoinette BOITEUX sur l'acte de naissance de son fils Fernand..
D'après les lettres de Désiré , Marie Lazarine et Fernand Joseph sont souvent malades. Leur condition de vie qui parait précaire, semble en être la cause.
Marie Lazarine BOITEUX s'éteint le 24 septembre 1887 à Boghari, à l'âge de 45 ans. Je n'ai pu retrouver son acte de décès car il est encore dans les archives Algériennes cependant l'acte de mariage de sa fille Marie Henriette, du 6 août 1901, nous indique que dans son acte de décès il est mentionné que Marie Lazarine est "désignée avec un prénom de plus que dans son acte de naissance".
Fernand n'a alors que 5 ans.
Extrait de l'acte de mariage de 1901 de sa fille Marie Henriette Rofast (source: CAOM) |
Acte de décès de Claude Désiré REVERCHON à Mustapha (source: CAOM) |
Sur son acte de décès on peut lire qu'il est l'époux de Antoinette Vuillermoz. A t'il eu une nouvelle compagne ou bien est ce le nom de son épouse d'Arbois qui fut mal orthographié, je ne le sais pas. Je n'ai trouvé aucune trace d'une certaine Antoinette Vuillermoz. L'acte de décès de son épouse Antoinette Othilie Vermot, qui s'éteint le 24 décembre 1899 à Arbois, indique lui aussi qu'elle est veuve de Claude Désiré REVERCHON. Il ne semble pas y avoir eu de divorce et il semble qu'ils soient restés marié pendant toutes ces années.
Extrait de l'acte de décès d'Antoinette Othilie VERMOT, 1ére épouse de Claude Désiré REVERCHON (source: Archives du Jura) |
Et vous allez me demander ce qu'est devenu mon AGP Fernand? Il semble avoir été élevé par l'une de ses demi-sœurs, fille du premier mariage de Marie Lazarine BOITEUX. Mais ça c'est une autre histoire que je vous raconterai dans un autre article.
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